Afin de développer des services d’expertise et d’élaborer des formations qui répondent aux besoins du marché, le CESES inclura une composante ‘recherche appliquée’. En effet, concernant l’expertise, les fondements sociaux de l’émergence de l’évaluation de l’impact environnemental n’ont paradoxalement pas donné lieu très tôt à un traitement sérieux de la dimension sociale de l’impact et de la sauvegarde environnementale. En effet, l’introduction de l’Evaluation d’Impact Environnemental (EIE) aux Etats-Unis, en 1969, dans le cadre du US National Environnemental Policy Act (NEPA), répondait au principe élémentaire suivant : « L’engagement de ressources publiques dans divers projets et plans se justifie par le fait que ces investissements contribuent au bien-être de la population. Pour allouer efficacement des ressources, il faut savoir comment chaque investissement peut contribuer au bien-être » (Cramer et al. 1980 :62). Toutefois, jusqu’à la fin des années 2000, c’est l’évaluation économique et biophysique qui sont prises en compte dans la Directive, en dépit de son glissement vers l’évaluation environnementale stratégique. Les insuffisances de tous ces types d’évaluations sont que «La focalisation étroite sur les impacts environnementaux (ou les impacts économiques) empêche de prendre en compte d’autres dimensions importantes des conséquences, telles que la solidarité communautaire, la criminalité, la mobilité ou l’accès aux services sociaux.” (Cramer et al. 1980 :62). Certes, depuis le début des années 1970 il y a eu des efforts en vue de corriger cette insuffisance, mais dans les projets publics l’observation de Burdge (2003) selon laquelle l’évaluation d’impact social le “parent pauvre” de la NEPA reste valable dans la plupart des pays. L’une des raisons de cette insuffisance de la prise en compte de la dimension sociale de l’évaluation environnementale est la compréhension limitée et l’insuffisance des compétences des organismes demandeurs d’études d’impacts environnementaux et sociaux (Esteves et al. 2012). De plus, « divers problèmes identifiés dans la pratique de l’EIE à travers le monde sont liés à un manque général de compréhension des concepts et de la pratique de l’EIE…» (Ramos et al. 2008 :640). Pourtant, l’EIES peut fournir des informations précieuse pour la prise de décision sur les conséquences environnementales des actions proposées, et la promotion d’un développement écologiquement rationnel et durable grâce à l’identification des mesures d’amélioration et d’atténuation appropriées (Vanclay 2012). Selon le Manuel de l’UNEP, pour que la formation en la matière soit efficace sa conception doit répondre à deux conditions principales. D’abord la formation doit répondre à la nécessité d’améliorer la pratique de l’EIE dans un pays ou dans une région. Ensuite, elle doit répondre aux besoins spécifiques de ceux qui suivent la formation ou le cours. Enfin, ceux qui animent la formation ou le cours doivent avoir de solides connaissances du système d’EIE du pays et comprendre leurs liens avec les principales caractéristiques du contexte social. Cela ne peut être possible que si des études de cas et une analyse des besoins en formation sont menées. Le Manuel insiste donc qu’ « Il est utile de procéder à cette analyse… même dans les cas où des besoins spécifiques en formation ont déjà été identifiés » (UNEP 2002 :45).